En route pour 3
heures de taxi à travers les déserts et les plantations de canne à sucre du
Nord du Pérou. Arrivée à Piura, l’attente est longue pour le check-in. Ils font
tout à la main… C’est désastreux comme organisation… On est mort de rire !
Une fois à Lima,
nous devons faire un arrêt chez lui et après je pars vers Miraflores, vers mon
hostel pour les 2 derniers jours. J'ai mon gros sac à dos sur les épaules, mon
petit noir en avant et ma pochette sur la taille, Javi a sa planche de surf et
son sac sur l’épaule. Il me demande, si on prend un taxi vert (légal) ou un
autre dehors (illégal mais moins cher)?
On décide d’aller dehors, je lui dis, de toute façon je ne crains rien
avec toi. Tous les chauffeurs nous sautent dessus, comme d’habitude. Javier fait
un deal et on choisit un véhicule hatchback pour avoir de l’espace pour la
planche de surf. La planche de surf part de la valise et se retrouve jusqu’entre
les deux bancs en avant, je suis assise derrière, côté passager et lui en
avant. Nous déposons tous nos trucs en arrière et on embarque.
Il y a toujours du
trafic à Lima, même la nuit… Je reconnais la route principale. Nous sommes étrangement tranquilles, le chauffeur conduit en malade comme tout le
monde ici… Et il y a une femme avec son bébé dans les bras qui nous demande de
l’argent et elle me voit… elle reste près de la voiture à demander de l’argent …
pis tout à coup… BANG !
Je reçois tout
plein de vitre brisée sur moi, je me retourne, je vois mon sac à dos bleu
sortir de l’auto… je crie non, je m’élance pour attraper le petit sac à dos noir,
tout est dedans, je viens juste de me rappeler que par sécurité en sortant de
l'aéroport, j’ai mis mon sac de taille dans le mini sac à dos noir, avec mon avec
mon portefeuille, mon passeport, mon iPhone et mon ordi, mes 2 caméras… pis là
Javi me retient avec son bras et me dit : « Gen ne bouge plus… ils
sont peut-être armé… » Je sens entre mes doigts la ganse de mon sac à dos
partir… les deux gars s’enfuient face au trafic. Je dis : « Javi, ils
m’ont tout pris… il m’ont tout pris… ». Il dit : « Quoi ? »
Moi : « Je n'ai plus rien, plus de visas, plus d’identité, plus
d’argent, plus rien… toi, ils ne t'ont rien pris… mais moi tout… ils ont même
fouillé sous mes vêtements pour être certain d’avoir tout pris… »
Je suis comme au
neutre, je capote, je n'ai rien de grave, je ne suis pas blessée… je suis là en
robe, en flip flop avec du verre partout sur moi… Une voiture s’arrête en
vitesse près de nous. Je dis à Javi : « Ils vont me kidnapper
?!!? » et le gars nous dit : « Je suis policier mais je ne
suis pas en service sinon j'aurais tiré sur eux… » Je ne bouge pas… Javi
me dit : « Ça va Gen… ? » Je dis : « Javi no puedo salir,
no tengo visa, no tengo passeport, no tengo id, no tengo nada… » Il capote
raide… Il dit au chauffeur qu’il faut attraper une police, on voit une voiture
de police, on doit le suivre et aller au poste faire une déposition.
J'arrive là-bas…
je sors, je fais les cent pas dans le commissariat… Javier me regarde inquiet…
Je fais la déposition en espagnol, je capote, on me demande si j'ai payé mon
hôtel… non… j'ai une réservation mais rien de plus… je ne suis plus personne…
Chaque fois qu’on me dit le mot hôtel… je viens les yeux pleins d’eau… Javier
appelle son père. Il me dit : « Tu veux venir chez moi… tu vas être
tranquille mes parents t’attendent et demain on fera tout ce qu’il faut pour
toi… » Ok. On remplit le rapport de police, c'est n’importe quoi, il
utilise encore du papier carbone, une machine à écrire et je n’arrive pas à ouvrir mon
courriel sur leurs vieux ordinateurs pour pouvoir imprimer mes photocopies de
passeports et de cartes… tout est lent…
Le policier nous
demande, est-ce que le chauffeur de taxi parlait au cellulaire ? Javier dit
oui, qu’il donnait sa position au dispatcher… pis la vlan ! On allume, c’est
même pas 30 secondes plus tard, la vitre arrière m’éclatait dessus… On
s’est faite avoir… on ne pourra jamais le prouver car le chauffeur est en règle.
Il fait aussi sa déposition, nous sommes sous le choc. Le policier nous amène
sur le bord de la route, avec sa mitraillette et nous choisit un taxi.
Arrivée à San
Borja, le père de Javier, sort en pyjama pour payer le taxi. Il me fait rentrer…
il se force pour parler anglais… Javi lui dit : Papa, elle est
canadienne-française et parle espagnol… » Sa mère sort du lit, elle me
prend dans ses bras et me fait un gros colleux de maman : « Tu as faim,
tu veux un café ? » Elle me sort un savon, une serviette, de la pâte à
dent, Javi me laisse son ordi portable, il m’installe dans la chambre d’amis
sur le toit. J'ai ma propre chambre, lit
double, pas de moustiques, avec des beaux gros oreillers et ma propre salle de
bain.
J’écris un peu sur
internet. Je change mes mots de passe, je bloque tout ce que je peux faire et à
2h30 am… je m’effondre de sommeil… pour me réveiller à 5h00 am par la
vision de mon sac à dos bleu qui part dans le noir… je revois la scène au
ralenti. J'ai juste hâte qu’il monte en haut me chercher pour le déjeuner. Il
finit par monter vers 6h40am… les yeux tout rouges, comme moi… lui, il est
raide mort, inquiet… moi, j'ai pleuré… Sa mère me dit de ne pas m’inquiéter…
que tout va bien aller.
Après déjeuner
nous partons à l’Ambassade du Canada, ils nous disent de patienter jusqu’à 9h00am,
que les bureaux n’ouvrent pas à 8h00am comme écrit sur leur site web. Vers 8h40am
un homme arrive et demande : « Qu’est-ce que vous faites là ? » Javi
dit : « C’est une urgence, elle n’a plus rien… elle part dimanche…
dans 2 jours ! ». Il nous répond : « On ferme à 13h00 aujourd’hui et
nous sommes fermé le weekend, il ne vous reste plus grand temps pour arranger
les choses… »
Et là, on passera
des heures à remplir de papiers, à aller au coin de la rue faire faire des
photos de passeport, chercher de l’argent, imprimer mon billet d’avion,
revenir, donner d’autre noms de référence… Ils vont tous les appeler… je me
croise les doigts… Mélanie répond, Nathalie répond et je lui parle, elle n’a
pas trop laissé le choix à la madame de l’Ambassade et ça me fait rire car je
l’avais avisé qu’elle ferait ça, Julie répond… Corinne ne répond pas… Javi
demande s'il peut prendre la place de Corinne… Il dit que nous nous connaissons
depuis plus de 2 ans ! Et ça fonctionne, ils lui posent des questions. J’ai parlé
à ma famille mais pour prouver mon identité, ils doivent parler à 4 personnes
qui me connaissent bien et ils doivent répondre à des questions. J’ai répondu à
des questions simples, par exemple, comment j’ai rencontré Mélanie, le nom de
son chum, de ces enfants, le nom de sa mère et ça, c’est différent pour chaque
personne qu’ils appelleront. Eux aussi doivent répondre à des questions sur moi
dont je sais qu’ils connaissent les réponses. Je ne peux pas leur parler mais
je suis contente de voir que mes amies répondent à l’appel que j’ai fait sur
Facebook. Ça fonctionne… On attend, Javier essaie de me faire rire… je pleure… on
s’endort sur les divans dans le hall d’entrée… tout le monde me dit que ça va aller…
ça prend quelques heures. Je fais quelques crises de panique… Javi est patient avec
moi et fait comme quand j'avais peur dans les grosses vagues… je suis chanceuse
d’être avec lui ici… et non seule.
On arrive devant
l’hôtel, que j’avais réservé au départ, il est blindé, immense, entouré de
barbelé, ce n’est pas super confortable mais ça va… J'ai enfin mon passeport
d’urgence. Je n’ai plus envie d’être ici… je veux être chez moi, maintenant mais
je vais aller jusqu’au bout… Je mets l’argent dans ma brassière et je pars acheter
de quoi survivre jusqu’à samedi dans la nuit… non sans crainte mais bon… J’y
arrive.
Je me suis réveillée
seule dans mon dortoir. J’ai dormi pratiquement 12 heures d'affilée. J’en avais
de besoin. Je prends ma douche et je vais à la cuisine commune pour déjeuner.
Tout l'monde à une histoire à raconter… Franco a été déporter au Pérou, ne
pouvant pas entrer aux USA, Rick a le coeur brisé car sa blonde la quitter en
arrivant ici… mais je gagne haut la main, la pire badluck de l’hôtel, ce qui me
donnera droit à une bière gratuite ce soir ! Maintenant, un peu de magasinage,
pantalons, souliers, t-shirt, sous-vêtements, savon, brosse à dents et sac à
dos ! Après tout ça, je retrouve mes 2 nouveaux amis sur une terrasse de
Miraflores. Quelques bières plus tard, on retourne à l’hôtel. On passe une
partie de la soirée sur le patio à discuter. J’ai décidé de quitter la chambre
mais l’hôtel me donne le droit de rester dans les aires communes de l’hostel en
toute en sécurité. J’écoute plus ou moins 2 films dans l’un des salons avant de
m’endormir pour de bon… Vers 2h00am le taxi est là… Il ouvre sa valise, je lui
dis non, tout reste avec moi et je veux qu’on roule les portes barrées et les
vitres fermées… Perfecto señorita !
J’ai un peu la chienne, même beaucoup… mais ça va aller… j’ai juste hâte de quitter cette fameuse route et voir l’aéroport. Je suis triste…Je finis par convaincre de peine et de misère que je n'ai pas d’autre ID aux contrôleurs… Je rentre dans l’avion… Le vol entre Lima-Pérou et Bogota-Colombie a passé comme un charme… les deux yeux bien fermés.
Bogotá en
Colombie, j’ai juste le temps de sortir pour embarquer encore vers un autre vol
pour Fort Lauderdale-Floride-USA. Encore des problèmes avec mon passeport, qui
se trouve à être qu’une feuille officielle avec ma photo dessus. Je fais du
charme en parlant espagnol, en lui disant que ma famille m’attend et qu’ils
sont inquiet pour moi, il flanche et me laisse passer. J’embarque la dernière
dans l’avion et il y a un siège de libre entre moi et ma voisine. Donc une
partie de voyage je dors sur les 2 sièges et après le déjeuner c’est son tour.
Encore un bon vol.
Arrivée en Floride
les choses se corsent… je m’en doutais bien… j’explique encore une autrefois
mon histoire. Je lui ai dit que je suis Nexus mais que malheureusement je n’ai
plus ma carte. Il me fait passer à l’immigration… Je patiente plus 1h30… pour
me faire dire encore une fois… tu n’as pas d’autre ID, Non ! Ils m’ont tout
pris !! Je repasse le contrôle douanier et là… enfin… des contrôleurs
sympathiques qui me questionnent « … Pauvre toi… tu vas bien ? T’as été blessée
? » À l’aéroport, ils m’offrent des coupons pour manger et boire
gratuitement et pour m’acheter des souvenirs. Le douanier me fait un clin d’œil
en me disant de m’acheter un coton ouaté car il fera froid à Montréal. Par
chance j’ai une escale super longue en Floride, je me sens enfin bien, en
sécurité.
Une fois à
Montréal, on me fouille, on me questionne… « Où sont vos bagages ??? Qui a
payé votre billet d’avion ?? Vous êtes parti plus de 5 semaines seule au Pérou
?? Pourquoi faire ?? » Je pense qu’ils pensent que je suis une mule mais
bon, après un long interrogatoire et un traducteur pour comprendre le rapport
de police écrit en espanole à Lima… Ils me laissent enfin rentrée
chez moi.
Je dois préparer
mon retour à la réalité, refaire mes cartes, mon permis, mon passeport, avoir
accès à mon argent, régler les assurances, travailler… Ouf ! Un retour pas
facile ! Mais je ne regrette rien… J’ai adoré mon voyage, c’est l’un de mes
plus beaux voyages à vie, la fin n’est peut-être pas parfaite… En fait, c’est
une belle fin… Une famille péruvienne m’a accueilli à bras ouverts comme si j’étais
leur fille… je n’ai pas été blessée et… ce que je ne savais pas à mon retour…
C’est que 3 semaines plus tard, je partais avec mon nouveau passeport, en
sac-à-dos au Nicaragua ! Au grand désespoir de mes proches qui pensaient peut-être que cette aventure ralentirait mes ardeurs !
Pour voir mes autres articles sur le Pérou :
1. Lima
2. Pisco
4. Arequipa
5. Nasca
7. Lac Titicaca et les îles flottantes Uros
10. La vallée sacrée; Pisaq, Salinas de Moras, Moray
11. Ollantaytambo
12. Machu Picchu
13. Deux semaines de surf à Máncora
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Geneviève Blais
Pigiste au département artistique en cinéma et télévision, j'adore mon travail car entre deux contrats j'ai la chance de partir. Je préfère voyager en solo, toujours à la recherche de nouvelles destinations et de vagues à surfer. Je suis une grande amoureuse du surf, du "Aloha life" et d'Hawaii.