« Et puis, l’Inde, comment c’était » ?
Ah, cette fameuse question de retour de voyage. Normalement
cette simple question suffit à générer un flot de paroles de ma part qui peut
durer de quelques minutes à quelques heures tout dépendant l’intérêt de
l’auditoire. Mais pour cette
destination, l’Inde, c’est une confusion totale. Il n’y a pas de mots clairs
qui viennent à mon esprit.
L’inde c’est un pays d’extrême stimulation des sens. L’inde
c’est le bruit, incessant, les klaxons qui n’arrêtent jamais, la
sur-utilisation du mot « madam », (madam, welcome madam, madam,
madam, hello madam madam»). L’inde c’est la complexité à se rendre d’un coin de
rue à un autre, c’est le paradis du zigzaguage
entre les gens, les autos, les motos, les rickshaws, les vaches (!), les
déchets qui jonchent le sol, les chariots de choses à vendre et tout autre
obstacle qui se tient là, pour aucune apparente raison dans notre analyse
Nord-Américaine de la chose. L’inde c’est aussi la difficulté à se repérer dû à
l’absence de panneaux indicateurs des noms de rues. Tout est « par-là, à
gauche, un peu plus loin». C’est aussi, l’odeur de la ville, de la pollution,
du curry (!), du ghee, de la saleté, des
égouts, de l’encens. Qu’est-ce qui domine ?
C’est indescriptible : L’inde, ça sent l’Inde. C’est aussi des gens, beaucoup de gens dans
bien peu de pieds carrés. Il est évident que ça dépend des villes et des
villages, mais dans les grandes villes la fameuse bulle d’existence personnelle
est réduite à « pas grand-chose ».
L’Inde c’est dur !
Mais l’Inde c’est la
couleur, les tuniques, les saris, les foulards. L’inde c’est les épices, le
piment l’explosion de saveurs, le thé chai. L’inde c’est les décorations sur
les gens, les maisons, les voitures, le sol, c’est le culte de la beauté.
L’Inde c’est la spiritualité, l’adoration de plusieurs dieux et déesses, les
temples magnifiques, les cérémonies. L’Inde c’est les rois, les batailles pour
le cœur d’une femme, d’un territoire, c’est l’histoire racontée et l’incapacité
à différencier le vrai de la légende. C’est aussi une architecture remplie de
détails, des châteaux, les lanternes, c’est un lieu de contes des mille et une
nuits.
L’inde c’est aussi un peuple magnifique. Des gens qui ont à
cœur que les visiteurs repartent avec une belle opinion de leur pays. Des gens
qui m’ont ouvert la porte de leur maison le temps d’un thé, d’un Gulab Jamun,
d’un repas, pour m’expliquer la religion, les castes, la spiritualité. Des gens
curieux de « l’outre-mer », des cheveux blonds. L’Inde c’est aussi de
patients professeurs de cuisine, des enseignants de technique de Rangoli (les
dessins au sable sur le sol), des jeunes femmes au large sourire qui m’aidaient
à comprendre comment se vêtir d’un sari en quatre
étapes faciles. L’Inde c’est beau!
J’ai du mal à répondre facilement à la question « Et puis, l’Inde, comment
c’était ? » Mais la question à
laquelle je peux répondre facilement c’est « Et puis, l’Inde, est-ce que
tu y retournerais?»
Sans contredit, oui.
Isabelle Lafrenière
Passionnée de voyages, de bouffe, épicurienne et toujours prête à partir à l’aventure!