J’ai plusieurs voyages à mon actif. Des longs, des brefs, seule, accompagnée, à côté, à l’autre bout de la planète... Malgré un enthousiasme sans limite pour la planification d’un futur départ et d’un pincement au cœur à chaque retour, l’approche du jour J me fait toujours douter, m’emplit toujours d’une certaine tristesse.

 

À force d’y penser, j’ai fini par mettre le doigt sur le bobo : je déteste quitter les gens que j’aime. Je trouvais déjà dur, pendant mon bac, de quitter mes parents quand je repartais pour trois semaines à Sherbrooke (gênante confession), mais quand il s’agit de prendre seule l’avion pour traverser un océan, mon cœur est comme tout reviré de bord.

 

Et le pire, c’est que lors du chemin inverse, c’est la même rengaine. On se fait des amis à l’étranger, on tombe en amour parfois, on rencontre des personnes enrichissantes – et c’est, d’ailleurs, l’un des plus grands plaisirs de voyager –, mais on doit également se séparer de ces personnes pour retrouver celles que l’on a quittées.

 

J’appelle cela le « paradoxe du globetrotteur ». Être attiré par l’exotisme, l’inconnu, la nouveauté, les défis – malgré l’éloignement, les ruptures, le mal du pays et la solitude, parfois.

 

Cela signifie-t-il alors qu’il n’y a pas de moyen d’être satisfait ? Quand rester chez soi donne l’irritante impression d’être enfermé dans une cage, mais que partir nous brise inévitablement le cœur, que choisir ?


Je n’en suis pas encore arrivée à une conclusion finale. Il en revient à chacun je crois de déterminer si les coûts relationnels de son départ sont compensés par les bénéfices de l’aventure. En attendant, de Nuremberg où j’écris présentement, je compte bien tirer le meilleur des 8 mois qui s’en viennent.

Étudiante en psychologie reconvertie, jeune femme curieuse et auteure à ses heures, mais surtout, globe-trotteuse insatiable.