Récemment, j'ai pris la décision de partir seule à l'aventure 7 mois autour du monde. La liberté de faire seulement ce que je veux, à mon rythme sans aucun compromis ni horaire me semblait être le paradis. Alors que tout le monde s'étonnait que je n'ai pas peur d'affronter les contrées étrangères seule et que plusieurs me félicitaient de mon courage, je voyais mal ce qui pourrait assombrir mon rêve d'aventure. Souvent, la crainte des gens qui ne voyagent pas, ou du moins qui ne font pas de voyages d'aventures, est plutôt reliée à la sécurité: Si je suis seul, je suis une cible facile pour me faire attaquer. Comment saurais-je où aller? Comment communiquer? Comment pourrais-je être loin de ma famille?

Pourtant, les défis que j'ai eu à relever furent totalement différents. Étant seul, vous serez naturellement plus vigilant face au danger. Quant à la communication et l'orientation, vous saurez vous débrouiller et vous faire confiance. En plus, on pourra vous y aider sans problème. Tout comme vous aurez la chance d'échanger avec vos proches de maintes façons.

Toutefois, lorsqu'on voyage seul, on doit apprendre à apprivoiser la solitude, à être bien avec soi-même, apprendre à se divertir sans dépendre de quelqu'un, et apprécier ces moments même s'ils ne sont pas vécus avec un proche. Parfois, ce temps d'arrêt dans lequel on n'a pas à faire la conversation ou à être agréable avec qui que ce soit, nous apprend beaucoup sur nous-mêmes. Et malgré que cette solitude soit parfois un défi, on parvient à l'aimer, et on se surprendra même à être importuné lorsqu'un étranger nous abordera pour nous connaitre, déstabilisant ainsi notre moment de paix.

Dans un autre temps, l'envie de partager des expériences avec d'autres gens se fera aussi sentir. Il est intimidant au début de s'avancer vers les étrangers et d'entamer une conversation. Bien que la majorité des gens, surtout dans les auberges de jeunesses et lieux touristiques, seront ravis de passer du temps avec d'autres voyageurs, il reste quand même certaines personnes qui sont fermées, ou qui n'ont pas envie à ce moment de se faire un nouvel ami. Ce genre de rejet est peu commun dans notre vie de tous les jours, et il faudra apprendre à l'accepter. À la maison, c'est simple, tu n'as pas envie d'être seul, tu prends le téléphone et t'appelle un ami, mais en voyage notre mode de vie nomade change notre façon d'entrer en relation avec les gens, et si tu veux de la compagnie, tu dois faire un effort. De plus, nous comme les autres, ne sommes que de passage dans chaque endroit, donc le processus est à recommencer chaque fois que l'on change de ville ou que notre nouvelle connaissance quitte, nous donnant parfois l'impression d'avoir sans cesse la même conversation. Malgré que cela soit par moment décourageant, le positif dans cette situation est qu'en se sortant constamment de sa zone de confort, on vient qu'à combattre la gêne et avoir plus confiance en nous.

Une autre récompense est que ces efforts donneront lieu à des rencontres inoubliables. Des gens avec qui la connexion est instantanée, avec qui les fous rires se succèdent, et avec qui on a l'impression d'être amis depuis toujours même si cela ne fait que quelques heures. Ces gens seront responsables de tous nos moments préférés de notre voyage, car ce sont définitivement les expériences humaines que l'on vit qui nous marquent. Je me souviendrai bien plus de cette soirée avec Jessica l'autralienne où nous voulions goûter tous les tapas de Barcelone, ou cette virée dans les pubs de Dublin avec mes amis brésiliens, que du temple ou du restaurant qu'il fallait absolument essayer selon Lonely Planet.

L'avantage en voyageant seul, c'est que l'on apprend beaucoup plus sur les gens qu'on rencontre, car les conversations que nous avons en tête-à-tête sont beaucoup plus personnelles et profondes que celles de groupe. Lorsque je couchsurfais, il arrivait que mes hôtes, que je connaissaient à peine, me confiaient des secrets très personnels créant entre nous un lien de confiance privilégié, que je n'aurais pas eu si plusieurs avaient pris part à la discussion.

De plus, on ne se cachera pas que sans compagnon de voyage à nos côtés, cela laisse largement d'opportunités pour vivre des amourettes de voyages, des "fling" comme le disent si bien les australiens. La beauté des voyages, c'est que l'on peut oublier notre "checklist" habituelle pour trouver un partenaire. Comme c'est du très court terme, on se fiche qu'il ait un bon travail, qu'il veuille des enfants ou pas, ou qu'il n'ai pas les mêmes croyances. On vit juste le moment présent avec ce séduisant Chilien à l'accent beaucoup trop craquant, rencontré à l'auberge jeunesse de Rio de Janeiro. Et par la suite, chaque fois que quelqu'un nous parlera du Brésil, l'esprit un peu ailleurs, il y aura toujours un petit sourire en coin, que seul vous comprendrez qui se glissera sur vos lèvres.

Pour terminer, la vraie difficulté pour moi fut de regarder ces gens avec qui j'ai vécu des moments inoubliables s'éloigner et de devoir leur dire adieu. Les larmes aux yeux et le cœur gros j'en avait souvent pour plusieurs heures à regarder tristement les paysages défiler dans cet autobus qui m'amenait vers une autre destination. Bien sûr, la technologie nous offre de nombreux moyens pour rester en contact, mais quand aurai-je réellement la chance d'aller les visiter à Hong Kong, Melbourne, Séoul, Copenhague... et de revivre cette complicité. Les séparations déchirantes sont donc définitivement au top de ma liste des plus grands défis. Heureusement, les souvenirs gardés valent largement la peine vécue, et apportent une expérience intense que seuls les nomades comprendront.

Accro aux voyages d'aventures, amoureuse inconditionnelle de la nature, je suis à la merci de cette curiosité qui me pousse à en découvrir toujours plus.